dimanche, mai 17, 2009

Une nouvelle catégorie !

C'est bien beau les duels mais parlons un peu d'autre chose aussi. Faisons vivre ce blog de différentes manières... Après tout, la diversité nourrit l'imagination :)

J'inaugure donc la catégorie concours. On y parlera des appels à textes et autres concours qu'on trouve sur la Toile, du moment qu'ils sont gratuits. Ouep, je suis pour la gratuité de la création, moi. :p

Donc voici ma première trouvaille :
- Coupdgueule vous propose son concours Amour Amour (jusqu'au 1er septembre 2009)
Coup de Gueule est un jeune collectif d'écrivains idéalistes qui prônent l'écriture comme un plaisir thérapeutique, une façon de réconcilier les gens avec leur plume. Le thème ici est clair, pensez, aimez, écrivez. Ce concours a débuté le 1 septembre 2008 mais vous avez encore un peu de temps pour potasser, il se terminera le 1 septembre 2009.
Donc, à vos plumes, allez sur leur site, évoquez l'amour sous toutes ses formes et lancez-vous ! Visitez aussi leur
blog, vous y trouverez peut-être l'inspiration. :) Bonne chance !

lundi, avril 13, 2009

hé oui !

ce blog n'est pas mort ! Enfin, pas tout à fait, en tout cas... >o<
Allez voir le message juste en-dessous ; l'histoire a enfin trouvé sa fin !

lundi, janvier 21, 2008

Rebirth

Bonjour à vous, inconnus de tous poils et plumes ! ^_^

Ce blog, honteusement abandonné par ses ingrates propriétaires, a décidé de repointer fièrement son nez tout poussiéreux avec, dans son sillage, nos jeunes dames à la plume acérée. Après quelques assouplissements et autres aiguisages fébriles, elles se referont un plaisir de croiser le fer pour votre plus grand plaisir !
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Bon alors voilà. Il y a plus d'un an, fausse couche et fausse joie. On a cru que ça allait reprendre, puis le cours de la vie étant ce qu'il est, il en fut malheureusement autrement.
Ce précisément cours de la vie ayant repris un rythme "normal", me revoilà dans le bain, prête à retenter le coup. Le tout étant, cette fois, de s'y atteler, et toutes les deux !

J'ai en ce moment la plume qui me gratouille et j'espère que cela ne passera pas de si tôt.
Bon, plume qui chatouille, c'est une chose, la réveiller complètement en est une autre. J'ai donc repris en douceur en tentant de compléter le petit texte de la Bulle, sans y parvenir entièrement.
Ma tit' Bulle, la plume est donc tienne...
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Ce bruit. C’est horrible. Il vrombit dans mes oreilles comme une mélodie obsédante. J’en peux plus. Je veux que ça s’arrête. Maintenant ! Ca fait au moins deux heures que je me dis ça mais il n’y a rien qui change. Bien au contraire. Ca envahit mon cerveau, ça s’insinue au beau milieu de mes neurones, à la recherche du point de rupture qui me fera basculer dans la folie. Mais je suis bien décidée à ne pas me laisser faire. Je ferme les yeux et je fredonne une chanson sans queue ni tête. C’est une incantation destinée à étouffer ce bruit mais rien n’y fait. Je me couvre les oreilles des deux mains mais on dirait que le volume augmente. Non. Ca peut plus durer. Mes doigts se crispent et je sens mes ongles pénétrer la chair tendre de mon lobe d’oreille gauche. Le sang chaud coule le long de ma nuque pour se perdre dans mes cheveux emmêlés. Le vrombissement s’atténue un peu, comme abreuvé par cette offrande. Puis ça reprend. Encore plus fort, comme si cela n’avait fait que l’exciter. Je me mets à osciller au son de ma mélodie, les mains toujours plaquées sur mes oreilles. Mais ce bruit est en moi. J’aurais beau chanter toujours plus fort et me crever les tympans, je l’entendrais toujours. Je le sais.

Puis, c’est le silence. Je retiens mon souffle. Je n’ose pas y croire. Au loin, j’entends le son du goutte à goutte d’un robinet mal fermé. Dehors, les sirènes d’une ambulance retentissent avec force puis se coupent brusquement. Un bébé pleure dans l’immeuble et un couple se dispute juste en dessous. C’est tellement banal… Je ne sais pas combien de temps ça va durer.


J’ai cette impression que le temps s’est arrêté. Pourtant je les vois bien devant moi, les aiguilles de cette satanée horloge pendue au dessus du frigo. Je les entends même !
Je n’arrive pas à décider de ce qui est pire ; ce vrombissement qui depuis toujours fait partie de moi et m’amène toujours un peu plus près de la folie, ou ce silence soudain et inhabituel, donnant l’impression d’une épée de Damoclès prête à tomber à tout instant et rompre ce silence tant attendu.

Je n’ose pas bouger. Quoi qu’il se soit passé pour que cela cesse, je ne sais pas ce que c’est. Le moindre mouvement pourrait tout recommencer aussi vite que cela s’est arrêté.

Les aiguilles, avancent, lentement mais sûrement. Une minute passe, puis deux, huit, trente.

Le sang dans mon cou finalement ne coule plus et a commencé à sécher. Je le remarque au léger tiraillement de la peau fine et souple où je l’avais senti chaud et épais quelques minutes auparavant. Je n’ai toujours pas bougé de peur de détruire cette sérénité qui s’installe peu à peu en moi.

Cependant, sans avoir fait le moindre mouvement, je l’entends. D’abord très léger, comme le tintement des pas d’une fourmi à des dizaines de kilomètres. Puis progressivement, le tintement se fait plus présent et la fourmi devient éléphant. Le vrombissement a repris, plus assourdissant que jamais.

Je ne comprends pas. Je n’ai pas bougé d’un cil, osait à peine respirer et pourtant quelque chose a déclenché à nouveau cet insoutenable grondement.

Sans y penser, mes mains se portent à nouveau à mes oreilles, mes ongles s’enfoncent profondément dans ma peau. Cette fois je ne pourrai résister. Si ça continue plus longtemps je vais sombrer pour de bon dans cette démence qui depuis toujours me guète.

Le sang coule le long de mon coup, presque à flot sous la pression de plus en plus forte de mes doigts.
Soudainement, à nouveau, le silence m’envahit. Mon cœur bat à cent à l‘heure, je sens mes veines battre dans mes tempes, ma respiration est haletante, mais pour sûr, aucun son.

Que m’arrive-t-il ? Ai-je finalement perdu la raison ?

De mes mains tremblantes j’essuie la transpiration de ma nuque. La transpiration ? non… le sang. Sans m’en rendre compte, dans mon égarement, mes ongles ont littéralement laminé mon cou et le sang a coulé jusque dans le creux de mon dos. Ma chemise d’un blanc immaculé est à présent recouverte de tâches rosâtres mêlant sang, sueur et larmes.

Je n’y comprends toujours rien.

Si ce n’est… Si ce n’est le sang ! Mais oui.


Cette couleur vermeille, qui semble encore vibrer au rythme des battements de mon cœur…Est-ce que c’est cela, le remède ? Abreuver ma folie au bord de cette source intarissable ? Le sang… Mon sang. Le bruit recommence. Excitation. Concupiscence. Soif. Voilà ce que je ressens. Ce n’est pas qu’en moi, c’est tout autour de moi. Ma tête s’embrase et le monde explose. L’horloge se disloque, mon corps se désagrège. Je ne suis plus rien d’autre que cette soif dévorante qui palpite au rythme des stridulations de ma folie. Que cela s’arrête.

Je suis loin, mais j’entends encore la sirène de l’ambulance qui se rapproche. Je n’entends plus rien d’autre. Ca se rapproche. Mais je suis déjà loin. Trop loin pour qu’ils ne me rattrapent. Ma folie ne me parle plus, mon corps reste silencieux. Ou presque. Encore quelques battements de ce cœur qui se refuse à me laisser aller. Toc. Toc. T...


Tâtonnement de la p'tite Bulle qui se réveille tout en douceur
Retour sur la pointe des pieds d'une Chani émergeant lentement
Et Bulle met un point final à cette histoire

dimanche, juillet 30, 2006

Voix

[créé le 17/07] Cette fois encore, je me suis réveillée en sursaut. Une sueur froide me colle les cheveux sur la nuque et le front.Aussi loin que peuvent remonter mes souvenirs, j’ai toujours fait ce rêve. Ou, devrais-je dire, ce cauchemar. Mais ces derniers mois, c’est devenu de plus en plus fréquent.Seuls quelques détails diffèrent d’une fois à l’autre. Pour le reste, c’est chaque fois la même atmosphère oppressante.Le noir est absolu. Je suis seule dans une chambre dont les parois sont très rapprochées. Tellement que je peux les toucher sans tendre les bras. Une légère odeur flotte dans l’air, on dirait un mélange de terre sèche et de cave humide.Je ne sais si je suis assise ou couchée. Mes mains effleurent les murs à la recherche d’une porte, d’une fenêtre, d’une trappe, même d’une cavité ou d’une aspérité. Mais tout est lisse.Le calme le plus complet empli cet endroit. Seule ma respiration semble me percer les tympans.Puis, petit à petit, un murmure se fait entendre. Toujours très faible. Au début, je ne comprends pas ce qu’il dit, comme s’il s’agissait d’une langue inconnue. Ensuite, peu à peu, les sons forment des mots qui eux-mêmes finissent par constituer une phrase.C’est quand enfin tout s’assemble que je m’éveille… Restant en suspend avec ces quelques mots et mon cœur battant à tout rompre :«Pourquoi… Pourquoi m’as-tu laissée… Pourquoi n’es-tu pas revenue me chercher…»

[modifié le 30/07] Ce rêve qui revient vers moi, nuit après nuit… Je n’en peux plus. J’en arrive à avoir peur de m’endormir. Dès que mes yeux se ferment, je sens la chambre se refermer sur moi, pour devenir aussi oppressante que l’obscurité de mon cauchemar.
On dit que les rêves ont une signification cachée, une métaphore à la mesure de notre imagination. Pourtant, je sens que cette fois-ci, c’est différent. Dans mon sommeil, tout a une dimension incroyable. Cette sensation de solitude, cette terre aride qui emplit mes poumons, cette odeur qui finit par me prendre à la gorge… Et sa voix. C’est comme un signal d’alarme qui finit par m’extirper de mon rêve. J’en sors avec un sentiment d’oppression mais aussi de culpabilité… Comme si, quelque part, j’avais effectivement abandonné, oublié quelqu’un. Evidement, je ne sais pas qui c’est. C’est une voix enfantine. Elle est asexuée. Elle me supplie et ne me quitte plus. Même la journée, je parviens à l’entendre, comme un lointain gémissement. J’en deviens folle.
J’ai fait des tests, j’ai suivi une psychanalyse… L’idiot me disait que ce rêve récurrent était l’expression de mon propre abandon. J’ai beau eu lui dire que j’étais pleinement satisfaite de ma vie, de mon travail, de mes amis... Il m’a rétorqué que mon subconscient m’affirmait le contraire. Conneries ! Je me connaitrais toujours mieux que tous ces psy imbus d’eux-mêmes !
Et puis, cette nuit, le rêve a pris une autre tournure. Il commence comme d’habitude, dans cet espace contigu que j’ai fini par connaître par cœur. Je tâtonne, à la recherche d’une ouverture. Mes doigts se blessent contre les parois abruptes, sans que j’arrive à trouver le moindre interstice. Puis je l’entends. Un doux murmure, mais pas celui de mon inconnu. C’est le subtil bruissement d’une eau qui s’écoule. Je doit tendre l’oreille pour l’entendre mais c’est bien réel… Du moins, autant que cela puisse l’être dans un rêve… C’est ça, la différence ! Cette fois-ci, j’ai conscience que je rêve ! Je retiens mon souffle, dans l’expectative. Le bruit de l’eau devient de plus en plus fort, jusqu’à devenir assourdissant. Puis, c’est comme le bruit d’un bouchon de champagne enfin libéré. L’eau s’infiltre dans ma cachette. D’abord comme un mince filet, puis la terre s’effrite et l’eau prend de plus en plus de place. J’ai beau me répéter que ce n’est qu’un rêve, je me sens de plus en plus inquiète, au fur et à mesure que l’eau emplit la cavité.
Bientôt, je n’ai plus qu’un peu d’espace pour garder la tête hors de l’eau. Je ne demande qu’à me réveiller mais je n’y arrive pas. Puis je me retrouve sous l’eau. C’est complètement surréaliste. Je retiens ma respiration, je commence à paniquer. Je me répète qu’on ne meurt pas dans les rêves… J’ouvre les yeux…


Chani pour le sommeil
Bulle Grenadine pour le retour à la réalité
Et Chani pour la finalité... si elle veut bien (en 3 épisodes, cette fois-ci) ! ^_^

lundi, juillet 17, 2006

Murmure du soir

Allez, j'en remet une couche sinon ce blog va finir par s'enterrer tout seul... Comme ma compagne littéraire n'a plus trop le temps pour le moment, je me permet de mettre sur le blog quelques divigations personelles, sans queue ni tête. ^_^

[Edit Chani]

Me voilà de retour... C'est sûr, on ne laissera pas ce blog s'enterrer !!!
J'ai donc repris cette "divagation sans queue ni tête" pour l'intégrer à notre coutume plumiène, à savoir... que je l'ai achevée...
Souhaitez-nous bon retour !

[/Edit Chani]

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Il est venu vers moi un jour où tout allait de travers. Je ne me rappelle plus son nom mais il semblait gentil. Je crois qu’il m’a simplement sourit. Puis il est parti. Sans un mot. Juste ce sourire… Cela faisait longtemps que je ne m’étais pas sentie aussi vivante. Je me suis retournée, je voulais juste lui dire merci mais il avait disparu. J’ai longtemps gardé ses lèvres au fond de moi, comme un bien précieux qu’il faut protéger à tout prix. Lorsque je me sentais triste, il faisait naître de douces vagues de chaleur au creux de mon ventre. Lorsque j’étais en colère, il caressait mon échine de délicieux frissons. Je sais que c’est bête mais c’est lui qui m’a permis de garder la tête hors de l’eau. Je n’ai jamais su qui c’était et je m’en fiche.

Maintenant que je contemple au-dessus de moi tous ces visages familiers qui ont jalonnés ma vie, je me rappelle le temps qu’il m’a rendu. A ce moment où je m’apprêtais à laisser derrière moi cette existence insensée. Soixante années se sont écoulées depuis ce sourire et pas un seul instant je n’ai regretté de m’être donné une seconde chance...

A l’époque, j’avais à peine vingt cinq ans et, depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Je me suis mariée et j’ai eu trois beaux enfants. J’ai beaucoup aimé mon mari, mais pas autant ni de la même manière. J’ai presque honte de dire que jamais plus je n’ai ressenti quelque chose d’aussi particulier.
Mon mari est mort voilà maintenant bien des années – paix à son âme – et mon esprit revient sans cesse vers cet autre visage dont seuls me reste en mémoire le dessin du sourire.

Il y a quelques temps, alors que je me baladais au bras de ma fille aînée, mon cœur s’est embrasé : il s’agissait exactement du même sourire. La même fossette au creux de la joue droite et cette petite cicatrice sur la lèvre supérieure.
De sa bouche mon regard s’est évadé… et tout se redessinait dans mon esprit : ces yeux verts pétillants, ces longs cils foncés et ces sourcils bien dessiné.
Mes jambes ont défailli et ma fille imaginant un malaise m’a aussitôt reconduite à la maison.

Je suis à présent sur mon lit de mort et je pars le coeur et l’esprit tranquille. Jamais encore je n’avais raconté à qui que ce soit ce que j’ai gardé au plus profond de mes pensées, ce qui me réconfortait quand rien n’allait plus. Et je voulais aujourdh’ui partagé cet instant de bonheur, que vous sachiez que les jours où mes yeux se perdaient dans le vague, cela n’avait rien de triste.
Maintenant, je pars en paix.

Bulle Grenadine pour le murmure
Chani pour le soir

lundi, mai 01, 2006

Chut...

Le train roulait à vive allure, les paysages les plus divers se mêlant dans un brouillard de couleurs. Le bruit régulier des rails était apaisant et je me sentais glisser peu à peu dans le sommeil. Je savais que je n’aurais pas dû mais la fatigue s’était accumulée au fil de ces dernières heures très éprouvantes… Les bruits s’étouffèrent progressivement, au même rythme que mes paupières qui se fermaient.
Ma tête percuta violement la fenêtre, me tirant du même coup du sommeil. Je retins un gémissement, frottant mon front douloureux dans l’espoir d’atténuer les élancements. Je regardais furtivement autour de moi, mais aucun de mes voisins de voyage ne semblait remarquer quoi que ce soit. Je soupirai brièvement, regrettant le temps où les gens osaient s’adresser la parole, puis retournai à la contemplation du paysage, me prenant au jeu de compter les vaches qui nous regardaient passer. Peut-être avaient-elles le même jeu ? Je laissai échapper un petit rire à cette idée, qui s’étrangla à l’instant même où je croisais mon reflet dans la vitre…

Ou plutôt devrais-je dire… mon absence de reflet !
Ma vision devait me tromper ! Comment pouvais-je ne plus avoir de reflet ?!?! La lumière dans le compartiment n’avait pas changé et je voyais l’image des autres passagers.
Je jetai un regard inquiet vers mes voisins de banquette et ne leur surpris aucune réaction particulière. Tous continuaient leur occupations diverses. C’est avec beaucoup d’appréhension que je lançai à nouveau un coup d’œil vers la fenêtre… Toujours rien !!!
Je me levai alors avec précipitation pour aller tenter l’expérience avec le miroir des toilettes. Même résultat…
Je me ruai alors vers une jeune femme en train de se repoudrer le nez à l’aide de son miroir de poche et lui demandai vivement de me le prêter. Celle-ci ne réagissant nullement finit d’achever l’état de nerfs dans lequel je me trouvais.
J’avais pourtant la légère impression d’avoir déjà vécu ça, sans pouvoir imaginer quoi faire pour sortir de là !!!
Prise de panique et ne voyant pas d’autre solution, je fonçai en trombe tirer la sonnette d’alarme qui actionnerait les freins d’urgence du train.
Celui-ci réduisit sa vitesse de manière si brusque et inattendue que je me retrouvai projetée sur les genoux du premier voyageur venu et que mon crâne emboutit cette fois le bord de la tablette. Sonnée, je relevai cependant la tête pour constater à nouveau l’absence de réaction des passagers si ce n’est un léger sourire narquois sur les lèvres de l’un ou l’autre. Tournant mon regard vers la fenêtre, je remarquai que le train était à l’arrête en plein milieu des champs. Les vaches avaient arrêté de brouter et me regardaient paisiblement.
Mes yeux dévièrent alors légèrement vers l’endroit où devait se trouver mon reflet. Vers l’endroit où était mon reflet. Je notai une zébrure rougeâtre me marquant la joue droite. Mes yeux se détournèrent alors vers l’objet que je tenais entre les mains, le livre que je venais de terminer et sur lequel je devais m'être assoupie : IMPRESSIONS FUGITIVES. L'OMBRE, LE REFLET, L'ÉCHO, de Clément Rosset…
Je voulus alors relire le résumé :

« Une étude des différentes figures du double, conçu comme marque d'irréalité et principal facteur d'illusion, telle que je la mène depuis longtemps, serait incomplète sans une brève exploration des domaines de l'ombre, du reflet et de l'écho. Car, et contrairement aux doubles porteurs d'illusion, ces doubles de " seconde espèce " sont des garants de la réalité des objets dont ils constituent l'environnement forcé, quelque fugitif et parfois inquiétant que celui-ci puisse sembler. La littérature nous enseigne depuis longtemps ce qu'il en coûte d'être privé de son ombre ou de son reflet et, pour parodier La Fontaine, qu'à lâcher l'ombre on perd aussi la proie. »


Bulle Grenadine pour l'aller
Chani pour le retour

mardi, avril 18, 2006

Héritage

Oh non ! Non. Non. Non…. Non !!! C’est pas possible ! Mais où elle est ?! Depuis ma naissance, jamais elle ne m’avait quittée, et là, ça m’en a tout l’air, je l’ai perdue ! Oui, belle et bien perdue.
Je l’ai reçue à ma naissance de ma mère qui la tenait de sa mère et elle-même de sa mère et ainsi de suite jusqu’à… on n’en sait rien, mais il y a très longtemps ! Et jamais depuis ma venue au monde, je ne m’en étais séparée. Il ne vaut mieux pas puisque, semble-t-il, chaque fois qu’une des femmes de la famille la léguait, elle mourait. Bonnement et simplement. C’est pourquoi elle était toujours remise à la naissance d’une nouvelle fille. Il n’aurait pas fallu que la « porteuse » meure avant l’arrivée d’une héritière. Surtout ne jamais rompre la chaîne. Jamais !Et voilà que moi, Elona, je l’ai carrément « égarée ». Mais ce n’est pas possible. Je n’ai pas de fille, je n’ai même pas encore prévu d’en avoir une !!! C’est à peine déjà si j’arrive à garder une relation stable.
Bon, reprenons à zéro. J’ai fouillé toutes mes poches, même celles des vieilles fripes que je ne mets plus depuis des années. Pas là ! J’ai ouvert tous les placards, retournés tous les tiroirs, regardé sous le lit, dans le siphon de la baignoire, et finalement mis à sac tout l’appartement. Rien ! Elle n’est nulle part. Mais où elle est ?!

Il n’y a pas d’autre solution, je dois absolument la retrouver. Le couteau, là, sur la table… Sans plus réfléchir, je l’empoigne et la solidité du manche me rassure quand même un petit peu. Ca doit être méthodique… J’inspire et je me lance. J’éventre le coussin ; rien d’autre que du rembourrage. Le dossier du canapé ne cache rien non plus. Sous le tapis, que du vieux plancher. Les doubles fonds de mes placards ne me livrent aucun autre secret que les miens.

Bon Dieu, c’est pas possible ! Le matelas que j’ai saccagé ne me servira plus à rien, tous comme les vêtements que j’ai déchirés. Mais aucune de mes affaires ne vaut ce que j’ai perdu. Tant pis, je pleurerais la dessus plus tard. Je vide la penderie, retourne encore une fois tous les tiroirs, déplace tous les meubles… Rien, rien, rien ! Je deviens folle, c’est pas possible… A moins que… Oui, je ne vois que ça… On me l’a volée ! Mais quand, comment ? Qui ?! Personne n’en connaît l’existence… Quoique, la petite vieille d’en face, toujours à regarder par la serrure… Ca ne peut être qu’elle ! La garce ! Ou alors… le fils du voisin d’en dessous, je l’ai déjà surpris en train d’essayer de piquer mes lettres ! Je le vois bien crocheter la serrure de mon appart’, celui-là ! Le salaud ! Et le facteur, toujours à me faire de l’œil, à vouloir tout savoir sur moi… Curieux jusqu’où ?

Puisque qu’aucun d’eux ne se gêne pour m’espionner, y’a pas de raison que je n’aille pas réclamer moi-même mon dû ! Le couteau est resté dans ma main, il est solide, aiguisé… Il sera bien suffisant pour extirper la vérité à ces voleurs ! C’est une question de vie ou de mort… Pour moi.

Chani pour la disparition
Bulle Grenadine pour la solution