lundi, janvier 21, 2008

Rebirth

Bonjour à vous, inconnus de tous poils et plumes ! ^_^

Ce blog, honteusement abandonné par ses ingrates propriétaires, a décidé de repointer fièrement son nez tout poussiéreux avec, dans son sillage, nos jeunes dames à la plume acérée. Après quelques assouplissements et autres aiguisages fébriles, elles se referont un plaisir de croiser le fer pour votre plus grand plaisir !
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Bon alors voilà. Il y a plus d'un an, fausse couche et fausse joie. On a cru que ça allait reprendre, puis le cours de la vie étant ce qu'il est, il en fut malheureusement autrement.
Ce précisément cours de la vie ayant repris un rythme "normal", me revoilà dans le bain, prête à retenter le coup. Le tout étant, cette fois, de s'y atteler, et toutes les deux !

J'ai en ce moment la plume qui me gratouille et j'espère que cela ne passera pas de si tôt.
Bon, plume qui chatouille, c'est une chose, la réveiller complètement en est une autre. J'ai donc repris en douceur en tentant de compléter le petit texte de la Bulle, sans y parvenir entièrement.
Ma tit' Bulle, la plume est donc tienne...
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Ce bruit. C’est horrible. Il vrombit dans mes oreilles comme une mélodie obsédante. J’en peux plus. Je veux que ça s’arrête. Maintenant ! Ca fait au moins deux heures que je me dis ça mais il n’y a rien qui change. Bien au contraire. Ca envahit mon cerveau, ça s’insinue au beau milieu de mes neurones, à la recherche du point de rupture qui me fera basculer dans la folie. Mais je suis bien décidée à ne pas me laisser faire. Je ferme les yeux et je fredonne une chanson sans queue ni tête. C’est une incantation destinée à étouffer ce bruit mais rien n’y fait. Je me couvre les oreilles des deux mains mais on dirait que le volume augmente. Non. Ca peut plus durer. Mes doigts se crispent et je sens mes ongles pénétrer la chair tendre de mon lobe d’oreille gauche. Le sang chaud coule le long de ma nuque pour se perdre dans mes cheveux emmêlés. Le vrombissement s’atténue un peu, comme abreuvé par cette offrande. Puis ça reprend. Encore plus fort, comme si cela n’avait fait que l’exciter. Je me mets à osciller au son de ma mélodie, les mains toujours plaquées sur mes oreilles. Mais ce bruit est en moi. J’aurais beau chanter toujours plus fort et me crever les tympans, je l’entendrais toujours. Je le sais.

Puis, c’est le silence. Je retiens mon souffle. Je n’ose pas y croire. Au loin, j’entends le son du goutte à goutte d’un robinet mal fermé. Dehors, les sirènes d’une ambulance retentissent avec force puis se coupent brusquement. Un bébé pleure dans l’immeuble et un couple se dispute juste en dessous. C’est tellement banal… Je ne sais pas combien de temps ça va durer.


J’ai cette impression que le temps s’est arrêté. Pourtant je les vois bien devant moi, les aiguilles de cette satanée horloge pendue au dessus du frigo. Je les entends même !
Je n’arrive pas à décider de ce qui est pire ; ce vrombissement qui depuis toujours fait partie de moi et m’amène toujours un peu plus près de la folie, ou ce silence soudain et inhabituel, donnant l’impression d’une épée de Damoclès prête à tomber à tout instant et rompre ce silence tant attendu.

Je n’ose pas bouger. Quoi qu’il se soit passé pour que cela cesse, je ne sais pas ce que c’est. Le moindre mouvement pourrait tout recommencer aussi vite que cela s’est arrêté.

Les aiguilles, avancent, lentement mais sûrement. Une minute passe, puis deux, huit, trente.

Le sang dans mon cou finalement ne coule plus et a commencé à sécher. Je le remarque au léger tiraillement de la peau fine et souple où je l’avais senti chaud et épais quelques minutes auparavant. Je n’ai toujours pas bougé de peur de détruire cette sérénité qui s’installe peu à peu en moi.

Cependant, sans avoir fait le moindre mouvement, je l’entends. D’abord très léger, comme le tintement des pas d’une fourmi à des dizaines de kilomètres. Puis progressivement, le tintement se fait plus présent et la fourmi devient éléphant. Le vrombissement a repris, plus assourdissant que jamais.

Je ne comprends pas. Je n’ai pas bougé d’un cil, osait à peine respirer et pourtant quelque chose a déclenché à nouveau cet insoutenable grondement.

Sans y penser, mes mains se portent à nouveau à mes oreilles, mes ongles s’enfoncent profondément dans ma peau. Cette fois je ne pourrai résister. Si ça continue plus longtemps je vais sombrer pour de bon dans cette démence qui depuis toujours me guète.

Le sang coule le long de mon coup, presque à flot sous la pression de plus en plus forte de mes doigts.
Soudainement, à nouveau, le silence m’envahit. Mon cœur bat à cent à l‘heure, je sens mes veines battre dans mes tempes, ma respiration est haletante, mais pour sûr, aucun son.

Que m’arrive-t-il ? Ai-je finalement perdu la raison ?

De mes mains tremblantes j’essuie la transpiration de ma nuque. La transpiration ? non… le sang. Sans m’en rendre compte, dans mon égarement, mes ongles ont littéralement laminé mon cou et le sang a coulé jusque dans le creux de mon dos. Ma chemise d’un blanc immaculé est à présent recouverte de tâches rosâtres mêlant sang, sueur et larmes.

Je n’y comprends toujours rien.

Si ce n’est… Si ce n’est le sang ! Mais oui.


Cette couleur vermeille, qui semble encore vibrer au rythme des battements de mon cœur…Est-ce que c’est cela, le remède ? Abreuver ma folie au bord de cette source intarissable ? Le sang… Mon sang. Le bruit recommence. Excitation. Concupiscence. Soif. Voilà ce que je ressens. Ce n’est pas qu’en moi, c’est tout autour de moi. Ma tête s’embrase et le monde explose. L’horloge se disloque, mon corps se désagrège. Je ne suis plus rien d’autre que cette soif dévorante qui palpite au rythme des stridulations de ma folie. Que cela s’arrête.

Je suis loin, mais j’entends encore la sirène de l’ambulance qui se rapproche. Je n’entends plus rien d’autre. Ca se rapproche. Mais je suis déjà loin. Trop loin pour qu’ils ne me rattrapent. Ma folie ne me parle plus, mon corps reste silencieux. Ou presque. Encore quelques battements de ce cœur qui se refuse à me laisser aller. Toc. Toc. T...


Tâtonnement de la p'tite Bulle qui se réveille tout en douceur
Retour sur la pointe des pieds d'une Chani émergeant lentement
Et Bulle met un point final à cette histoire