dimanche, juillet 30, 2006

Voix

[créé le 17/07] Cette fois encore, je me suis réveillée en sursaut. Une sueur froide me colle les cheveux sur la nuque et le front.Aussi loin que peuvent remonter mes souvenirs, j’ai toujours fait ce rêve. Ou, devrais-je dire, ce cauchemar. Mais ces derniers mois, c’est devenu de plus en plus fréquent.Seuls quelques détails diffèrent d’une fois à l’autre. Pour le reste, c’est chaque fois la même atmosphère oppressante.Le noir est absolu. Je suis seule dans une chambre dont les parois sont très rapprochées. Tellement que je peux les toucher sans tendre les bras. Une légère odeur flotte dans l’air, on dirait un mélange de terre sèche et de cave humide.Je ne sais si je suis assise ou couchée. Mes mains effleurent les murs à la recherche d’une porte, d’une fenêtre, d’une trappe, même d’une cavité ou d’une aspérité. Mais tout est lisse.Le calme le plus complet empli cet endroit. Seule ma respiration semble me percer les tympans.Puis, petit à petit, un murmure se fait entendre. Toujours très faible. Au début, je ne comprends pas ce qu’il dit, comme s’il s’agissait d’une langue inconnue. Ensuite, peu à peu, les sons forment des mots qui eux-mêmes finissent par constituer une phrase.C’est quand enfin tout s’assemble que je m’éveille… Restant en suspend avec ces quelques mots et mon cœur battant à tout rompre :«Pourquoi… Pourquoi m’as-tu laissée… Pourquoi n’es-tu pas revenue me chercher…»

[modifié le 30/07] Ce rêve qui revient vers moi, nuit après nuit… Je n’en peux plus. J’en arrive à avoir peur de m’endormir. Dès que mes yeux se ferment, je sens la chambre se refermer sur moi, pour devenir aussi oppressante que l’obscurité de mon cauchemar.
On dit que les rêves ont une signification cachée, une métaphore à la mesure de notre imagination. Pourtant, je sens que cette fois-ci, c’est différent. Dans mon sommeil, tout a une dimension incroyable. Cette sensation de solitude, cette terre aride qui emplit mes poumons, cette odeur qui finit par me prendre à la gorge… Et sa voix. C’est comme un signal d’alarme qui finit par m’extirper de mon rêve. J’en sors avec un sentiment d’oppression mais aussi de culpabilité… Comme si, quelque part, j’avais effectivement abandonné, oublié quelqu’un. Evidement, je ne sais pas qui c’est. C’est une voix enfantine. Elle est asexuée. Elle me supplie et ne me quitte plus. Même la journée, je parviens à l’entendre, comme un lointain gémissement. J’en deviens folle.
J’ai fait des tests, j’ai suivi une psychanalyse… L’idiot me disait que ce rêve récurrent était l’expression de mon propre abandon. J’ai beau eu lui dire que j’étais pleinement satisfaite de ma vie, de mon travail, de mes amis... Il m’a rétorqué que mon subconscient m’affirmait le contraire. Conneries ! Je me connaitrais toujours mieux que tous ces psy imbus d’eux-mêmes !
Et puis, cette nuit, le rêve a pris une autre tournure. Il commence comme d’habitude, dans cet espace contigu que j’ai fini par connaître par cœur. Je tâtonne, à la recherche d’une ouverture. Mes doigts se blessent contre les parois abruptes, sans que j’arrive à trouver le moindre interstice. Puis je l’entends. Un doux murmure, mais pas celui de mon inconnu. C’est le subtil bruissement d’une eau qui s’écoule. Je doit tendre l’oreille pour l’entendre mais c’est bien réel… Du moins, autant que cela puisse l’être dans un rêve… C’est ça, la différence ! Cette fois-ci, j’ai conscience que je rêve ! Je retiens mon souffle, dans l’expectative. Le bruit de l’eau devient de plus en plus fort, jusqu’à devenir assourdissant. Puis, c’est comme le bruit d’un bouchon de champagne enfin libéré. L’eau s’infiltre dans ma cachette. D’abord comme un mince filet, puis la terre s’effrite et l’eau prend de plus en plus de place. J’ai beau me répéter que ce n’est qu’un rêve, je me sens de plus en plus inquiète, au fur et à mesure que l’eau emplit la cavité.
Bientôt, je n’ai plus qu’un peu d’espace pour garder la tête hors de l’eau. Je ne demande qu’à me réveiller mais je n’y arrive pas. Puis je me retrouve sous l’eau. C’est complètement surréaliste. Je retiens ma respiration, je commence à paniquer. Je me répète qu’on ne meurt pas dans les rêves… J’ouvre les yeux…


Chani pour le sommeil
Bulle Grenadine pour le retour à la réalité
Et Chani pour la finalité... si elle veut bien (en 3 épisodes, cette fois-ci) ! ^_^

lundi, juillet 17, 2006

Murmure du soir

Allez, j'en remet une couche sinon ce blog va finir par s'enterrer tout seul... Comme ma compagne littéraire n'a plus trop le temps pour le moment, je me permet de mettre sur le blog quelques divigations personelles, sans queue ni tête. ^_^

[Edit Chani]

Me voilà de retour... C'est sûr, on ne laissera pas ce blog s'enterrer !!!
J'ai donc repris cette "divagation sans queue ni tête" pour l'intégrer à notre coutume plumiène, à savoir... que je l'ai achevée...
Souhaitez-nous bon retour !

[/Edit Chani]

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Il est venu vers moi un jour où tout allait de travers. Je ne me rappelle plus son nom mais il semblait gentil. Je crois qu’il m’a simplement sourit. Puis il est parti. Sans un mot. Juste ce sourire… Cela faisait longtemps que je ne m’étais pas sentie aussi vivante. Je me suis retournée, je voulais juste lui dire merci mais il avait disparu. J’ai longtemps gardé ses lèvres au fond de moi, comme un bien précieux qu’il faut protéger à tout prix. Lorsque je me sentais triste, il faisait naître de douces vagues de chaleur au creux de mon ventre. Lorsque j’étais en colère, il caressait mon échine de délicieux frissons. Je sais que c’est bête mais c’est lui qui m’a permis de garder la tête hors de l’eau. Je n’ai jamais su qui c’était et je m’en fiche.

Maintenant que je contemple au-dessus de moi tous ces visages familiers qui ont jalonnés ma vie, je me rappelle le temps qu’il m’a rendu. A ce moment où je m’apprêtais à laisser derrière moi cette existence insensée. Soixante années se sont écoulées depuis ce sourire et pas un seul instant je n’ai regretté de m’être donné une seconde chance...

A l’époque, j’avais à peine vingt cinq ans et, depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Je me suis mariée et j’ai eu trois beaux enfants. J’ai beaucoup aimé mon mari, mais pas autant ni de la même manière. J’ai presque honte de dire que jamais plus je n’ai ressenti quelque chose d’aussi particulier.
Mon mari est mort voilà maintenant bien des années – paix à son âme – et mon esprit revient sans cesse vers cet autre visage dont seuls me reste en mémoire le dessin du sourire.

Il y a quelques temps, alors que je me baladais au bras de ma fille aînée, mon cœur s’est embrasé : il s’agissait exactement du même sourire. La même fossette au creux de la joue droite et cette petite cicatrice sur la lèvre supérieure.
De sa bouche mon regard s’est évadé… et tout se redessinait dans mon esprit : ces yeux verts pétillants, ces longs cils foncés et ces sourcils bien dessiné.
Mes jambes ont défailli et ma fille imaginant un malaise m’a aussitôt reconduite à la maison.

Je suis à présent sur mon lit de mort et je pars le coeur et l’esprit tranquille. Jamais encore je n’avais raconté à qui que ce soit ce que j’ai gardé au plus profond de mes pensées, ce qui me réconfortait quand rien n’allait plus. Et je voulais aujourdh’ui partagé cet instant de bonheur, que vous sachiez que les jours où mes yeux se perdaient dans le vague, cela n’avait rien de triste.
Maintenant, je pars en paix.

Bulle Grenadine pour le murmure
Chani pour le soir

lundi, mai 01, 2006

Chut...

Le train roulait à vive allure, les paysages les plus divers se mêlant dans un brouillard de couleurs. Le bruit régulier des rails était apaisant et je me sentais glisser peu à peu dans le sommeil. Je savais que je n’aurais pas dû mais la fatigue s’était accumulée au fil de ces dernières heures très éprouvantes… Les bruits s’étouffèrent progressivement, au même rythme que mes paupières qui se fermaient.
Ma tête percuta violement la fenêtre, me tirant du même coup du sommeil. Je retins un gémissement, frottant mon front douloureux dans l’espoir d’atténuer les élancements. Je regardais furtivement autour de moi, mais aucun de mes voisins de voyage ne semblait remarquer quoi que ce soit. Je soupirai brièvement, regrettant le temps où les gens osaient s’adresser la parole, puis retournai à la contemplation du paysage, me prenant au jeu de compter les vaches qui nous regardaient passer. Peut-être avaient-elles le même jeu ? Je laissai échapper un petit rire à cette idée, qui s’étrangla à l’instant même où je croisais mon reflet dans la vitre…

Ou plutôt devrais-je dire… mon absence de reflet !
Ma vision devait me tromper ! Comment pouvais-je ne plus avoir de reflet ?!?! La lumière dans le compartiment n’avait pas changé et je voyais l’image des autres passagers.
Je jetai un regard inquiet vers mes voisins de banquette et ne leur surpris aucune réaction particulière. Tous continuaient leur occupations diverses. C’est avec beaucoup d’appréhension que je lançai à nouveau un coup d’œil vers la fenêtre… Toujours rien !!!
Je me levai alors avec précipitation pour aller tenter l’expérience avec le miroir des toilettes. Même résultat…
Je me ruai alors vers une jeune femme en train de se repoudrer le nez à l’aide de son miroir de poche et lui demandai vivement de me le prêter. Celle-ci ne réagissant nullement finit d’achever l’état de nerfs dans lequel je me trouvais.
J’avais pourtant la légère impression d’avoir déjà vécu ça, sans pouvoir imaginer quoi faire pour sortir de là !!!
Prise de panique et ne voyant pas d’autre solution, je fonçai en trombe tirer la sonnette d’alarme qui actionnerait les freins d’urgence du train.
Celui-ci réduisit sa vitesse de manière si brusque et inattendue que je me retrouvai projetée sur les genoux du premier voyageur venu et que mon crâne emboutit cette fois le bord de la tablette. Sonnée, je relevai cependant la tête pour constater à nouveau l’absence de réaction des passagers si ce n’est un léger sourire narquois sur les lèvres de l’un ou l’autre. Tournant mon regard vers la fenêtre, je remarquai que le train était à l’arrête en plein milieu des champs. Les vaches avaient arrêté de brouter et me regardaient paisiblement.
Mes yeux dévièrent alors légèrement vers l’endroit où devait se trouver mon reflet. Vers l’endroit où était mon reflet. Je notai une zébrure rougeâtre me marquant la joue droite. Mes yeux se détournèrent alors vers l’objet que je tenais entre les mains, le livre que je venais de terminer et sur lequel je devais m'être assoupie : IMPRESSIONS FUGITIVES. L'OMBRE, LE REFLET, L'ÉCHO, de Clément Rosset…
Je voulus alors relire le résumé :

« Une étude des différentes figures du double, conçu comme marque d'irréalité et principal facteur d'illusion, telle que je la mène depuis longtemps, serait incomplète sans une brève exploration des domaines de l'ombre, du reflet et de l'écho. Car, et contrairement aux doubles porteurs d'illusion, ces doubles de " seconde espèce " sont des garants de la réalité des objets dont ils constituent l'environnement forcé, quelque fugitif et parfois inquiétant que celui-ci puisse sembler. La littérature nous enseigne depuis longtemps ce qu'il en coûte d'être privé de son ombre ou de son reflet et, pour parodier La Fontaine, qu'à lâcher l'ombre on perd aussi la proie. »


Bulle Grenadine pour l'aller
Chani pour le retour

mardi, avril 18, 2006

Héritage

Oh non ! Non. Non. Non…. Non !!! C’est pas possible ! Mais où elle est ?! Depuis ma naissance, jamais elle ne m’avait quittée, et là, ça m’en a tout l’air, je l’ai perdue ! Oui, belle et bien perdue.
Je l’ai reçue à ma naissance de ma mère qui la tenait de sa mère et elle-même de sa mère et ainsi de suite jusqu’à… on n’en sait rien, mais il y a très longtemps ! Et jamais depuis ma venue au monde, je ne m’en étais séparée. Il ne vaut mieux pas puisque, semble-t-il, chaque fois qu’une des femmes de la famille la léguait, elle mourait. Bonnement et simplement. C’est pourquoi elle était toujours remise à la naissance d’une nouvelle fille. Il n’aurait pas fallu que la « porteuse » meure avant l’arrivée d’une héritière. Surtout ne jamais rompre la chaîne. Jamais !Et voilà que moi, Elona, je l’ai carrément « égarée ». Mais ce n’est pas possible. Je n’ai pas de fille, je n’ai même pas encore prévu d’en avoir une !!! C’est à peine déjà si j’arrive à garder une relation stable.
Bon, reprenons à zéro. J’ai fouillé toutes mes poches, même celles des vieilles fripes que je ne mets plus depuis des années. Pas là ! J’ai ouvert tous les placards, retournés tous les tiroirs, regardé sous le lit, dans le siphon de la baignoire, et finalement mis à sac tout l’appartement. Rien ! Elle n’est nulle part. Mais où elle est ?!

Il n’y a pas d’autre solution, je dois absolument la retrouver. Le couteau, là, sur la table… Sans plus réfléchir, je l’empoigne et la solidité du manche me rassure quand même un petit peu. Ca doit être méthodique… J’inspire et je me lance. J’éventre le coussin ; rien d’autre que du rembourrage. Le dossier du canapé ne cache rien non plus. Sous le tapis, que du vieux plancher. Les doubles fonds de mes placards ne me livrent aucun autre secret que les miens.

Bon Dieu, c’est pas possible ! Le matelas que j’ai saccagé ne me servira plus à rien, tous comme les vêtements que j’ai déchirés. Mais aucune de mes affaires ne vaut ce que j’ai perdu. Tant pis, je pleurerais la dessus plus tard. Je vide la penderie, retourne encore une fois tous les tiroirs, déplace tous les meubles… Rien, rien, rien ! Je deviens folle, c’est pas possible… A moins que… Oui, je ne vois que ça… On me l’a volée ! Mais quand, comment ? Qui ?! Personne n’en connaît l’existence… Quoique, la petite vieille d’en face, toujours à regarder par la serrure… Ca ne peut être qu’elle ! La garce ! Ou alors… le fils du voisin d’en dessous, je l’ai déjà surpris en train d’essayer de piquer mes lettres ! Je le vois bien crocheter la serrure de mon appart’, celui-là ! Le salaud ! Et le facteur, toujours à me faire de l’œil, à vouloir tout savoir sur moi… Curieux jusqu’où ?

Puisque qu’aucun d’eux ne se gêne pour m’espionner, y’a pas de raison que je n’aille pas réclamer moi-même mon dû ! Le couteau est resté dans ma main, il est solide, aiguisé… Il sera bien suffisant pour extirper la vérité à ces voleurs ! C’est une question de vie ou de mort… Pour moi.

Chani pour la disparition
Bulle Grenadine pour la solution

samedi, avril 15, 2006

Entre ombres et lumière

Il faisait noir… Noir comme dans un four, ou presque. Seuls quelques meubles se devinaient, de-ci, de-là, grâce aux maigres rayons de soleil qui arrivaient à se frayer un chemin entre les stores fermés. L’obscurité, il aimait ça, lui… Une fois la porte close, il éteignait ses soucis en même temps que la lumière.
Il n’avait pas besoin d’y voir pour s’affaler dans le fauteuil, prendre l’une des nombreuses cigarettes à demi consumées qui gisaient au sol et l’allumer. La brève lueur de la flamme du briquet était la seule qu’il appréciait vraiment. Elle précédait de peu les délicieuses bouffées de nicotine qui envahissaient ses poumons.
Il ne mangeait pas, ne buvait pas, ne voyait rien. Rien d’autre que les vagues contours de la télévision qu’il n’allumait plus, des étagères couvertes de livres qu’il ne lisait plus… Au début, il y en avait bien quelques uns qui s’étaient inquiétés, qui avaient essayé de téléphoner. Les sonneries avaient longtemps résonné dans l’appartement avant qu’ils ne se lassent. Et puis, il était tombé dans l’oubli. Il n’avait aucun regret ; c’était ce qu’il recherchait.

Il tira une longue bouffée de la cigarette et s’enfonça un peu plus profondément dans le fauteuil. Il observa quelques instants les braises de la Gitane qu’il fumait puis, sans réfléchir, il la projeta au loin, observant la lueur rougeâtre de la braise éclairer brièvement les objets qu’elle frôlait. Elle atterrit sur le sol, dans un bruit mat, sans doute amorti par les nombreux journaux qui jonchaient le sol… La lueur ne s’éteint pas, bien au contraire.


L’embrasement peu à peu s’intensifia. Lui ne réagit pas. Il restait là, envoûté, le regard figé sur les flammes et n’osant faire le moindre mouvement de peur que ça ne s’arrête. Tout à coup, le feu se propagea plus rapidement, ayant pris les poils du tapis d’assaut, il se mit à courir tout le long pour atteindre à une toute vitesse le rideau de la fenêtre. Cela se répandait si vite, c’était incroyable ! Et lui ne bougeait toujours pas, hypnotisé qu’il était par cette douce lumière si chaude qui devant ses yeux ébahis.
Une petite étincelle venait de tomber sur la nappe jaunie de la table et la fit s’embraser en moins d’une seconde. Au dessus de lui déjà, une autre flamme entreprit minutieusement le léchage d’une des poutres du plafond et ne tarderait pas à en grignoter une seconde.
Ce que ça devait être bon de se laisser aller, de rester là à regarder jusqu’à la fin ces lueurs aux couleurs infinies. Terminer seul cette vie de calvaire, enfin réchauffé… Seul ?

Soudain, ce fut comme s’il se réveillait. Le feux commençait à l’encercler et ne tarderait pas à lui bloquer la sortie. Il se leva et se dirigea à pas comptés vers la porte. Déjà s’entendaient les sirènes des pompiers, mais il serait dehors avant leur arrivée. Quand la porte claqua, une vieille photo encadrée tomba sur le sol, et le verre se brisa.

Une fois à l’extérieur, il se retourna et regarda sa maison se consumer lentement.
A nouveau, son regard se figea sur l'enchantement que lui procurait cette vision.
Il se rendit compte que depuis sa sortie de la maison, sa main dans sa poche triturait une pièce de monnaie aussi froide que de la glace dans la chaleur que suscitaient la maison en feu.
Il la sortit et la fixa quelques instants. Puis, sans réfléchir, il se dirigea vers la cabine téléphonique qui se trouvait au coin de la rue. Il décrocha le combiné, inséra la pièce, composa le numéro et attendit… Bip… Bip… Bip… Bip…
- Allo ?!
- Ma chérie ?! C’est papa…



Bulle Grenadine pour l'étincelle
Chani pour l'incendie

mardi, avril 11, 2006

Brume

Teiki était fascinée. Cette fois encore, le voile se levait. Tout autour d’elle semblait avoir ralentit. On n’entendait presque plus rien. Ça commençait toujours de la même manière… Les oiseaux commençaient par se taire progressivement, puis l’air semblait devenir flou à un endroit, comme quand on voit une vague de chaleur, sur la route les après-midi d’été. Pour le reste, c’était à chaque fois différent. Les couleurs n’étaient jamais les mêmes et le doux parfum qui les accompagnait pouvait se rapprocher de celui de la violette, ou bien de celui des fruits rouges, parfois même, c’était indéfinissable… Mais c’était toujours tellement agréable.
Une délicieuse et ensorcelante sensation commençait à l'envelopper. D'un bond, elle se remit sur ses pieds et courut vers la maison aussi rapidement que pouvaient lui permettre ses petites jambes de huit ans.

- Maman, maman ! Viens voir, viiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiite...

Elle ouvrit violemment la porte, manquant de s’étaler sur le sol dans sa précipitation. Le souffle court, elle s’arrêta un instant, cherchant le bruit familier des pas de sa mère. Mais un silence terriblement pesant régnait dans la maison.
La petite fille déglutit et avança lentement en direction de la cuisine. Elle sentait confusément que quelque chose n’allait pas. Elle jeta un rapide coup d’œil dans la pièce, sans rien apercevoir d’autre que le désordre d’une abondante vaisselle abandonnée dans l’évier.
Elle tenta de retenir le sentiment de panique qui montait en elle mais ce n’était qu’une petite fille de huit ans. Alors, elle se mit à pleurer, à crier. Elle courut dans toute la maison, ouvrit à la volée toutes les portes, fouillant chaque pièce de fond en comble. En vain…
Personne ne vint la prendre dans ses bras pour calmer ses pleurs, il n’y eut aucune voix grondeuse pour étouffer sa colère… C’est cela qui l’inquiéta plus que tout. Elle s’arrêta au milieu du salon et se laissa tomber sur le sol, manquant de s’étouffer à chaque sanglot. Peu à peu, les larmes se tarirent et elle renifla bruyamment. Elle jeta un regard morne sur ce qui l’entourait, cherchant un peu de réconfort dans cet environnement qu’elle connaissait.
Soudain, elle se rappela pourquoi elle avait voulu voir sa mère et elle se releva précipitamment, le souffle court. Elle courut jusqu’à la fenêtre et observa intensément la plaine où avait eu lieu le phénomène. Il n’y avait rien d’autre que des hautes herbes qui ondulaient lentement sous le vent.
Dépitée, elle posa son front fiévreux contre la vitre et regarda tristement la buée qui naissait sous son souffle. Elle cligna des yeux une fois, deux fois. Elle fronça les sourcils, fascinée par les gouttelettes d’eau qui remontait le long de la fenêtre, pour se perdre dans les interstices du châssis. Et ce parfum indéfinissable emplit à nouveau ses poumons, troublant sa vision. Par moment, toute la pièce devenait floue, se contractait puis se dilatait, semblant vouloir échapper à l’apesanteur.
Teiki recula de quelques pas, effrayée, et chercha des yeux une échappatoire. Mais elle ne parvenait plus à se repérer et elle ne put que s’agripper au rebord de la fenêtre. Puis elle commença à entendre des voix, d’abord lointaines puis de plus en plus proches. C’était comme lorsqu’elle s’amusait à jouer avec le volume d’une radio, en bas, en haut, à nouveau en bas, puis encore plus haut… Elle ferma les yeux, prise de nausée.
Puis, tout s’arrêta. Plus de vertige, plus de bruit. Ou plutôt si… Le tintement d’une vaisselle non loin, la musique un peu nasillarde d’une radio mal réglée… Puis sa mère passa dans le couloir et jeta un regard étonné à la petite fille.
- Tiens, tu es là, ma chérie ? Je ne t’avais pas entendue rentrer…


Chani pour le commencement
Bulle Grenadine pour le point final

dimanche, avril 09, 2006

Mémoires

Il fait beau aujourd’hui. J’inspire une longue bouffée d’air frais, je ferme les yeux et j’écoute. Le murmure des arbres qui frissonnent sous la poussée du vent, le lointain ronronnement des voitures, les rires des enfants enfin libres après ces longs mois d’hiver… Cela faisait longtemps que je n’avais pas ressenti une telle quiétude. Je ne peux m’empêcher de me rappeler tous les moments heureux que j’ai passés dans ce parc.
Lorsque j’ai pris le chemin du retour, je n’avais pas l’intention de passer par ici. Pourtant, inconsciemment, mes pas m’y ont menée. Petite, mes parents m’emmenaient souvent dans cet îlot de verdure. Je me rappelle les courses folles à travers les arbres, les miettes de pain que je lançais joyeusement aux oiseaux affamés. Mais tout cela, c’était avant… Cela faisait au moins 15 ans que je n’y ai plus mis les pieds… Depuis ce soir terrible où ma vie a basculé, ici même…
Et toute sérénité me quitte lorsque les souvenirs remontent à la surface, aussi violemment qu'un coup de poing…

« Dans peu de temps, vous allez disparaître », m’ont dit les médecins… Ils n’ont pas dit mourir, ils ont dit disparaître !
Tout a commencé quand je me suis rendue compte qu’il me manquait une phalange à la main gauche. Je ne m’étais pas coupée ni même blessée. Ce n’était juste « plus là ». Cela s’est fait d’abord très lentement et progressivement, puis, il y a quelques semaines, tout s’est accéléré. Aujourd’hui, mon bras gauche s’arrête au-dessus du coude et je sens que ça commence dans les jambes et l’autre bras également.
Je ne m’inquiète pas plus que ça finalement. Je n’ai ni famille ni amis, même ma concierge ne me reconnaît pas quand on se croise en rue. Le seul être auquel je pourrais manquer, se trouve être mon poisson rouge. Mais peut-on vraiment manquer à un poisson rouge ?
Je me demande simplement ce qui a pu m’arriver ! Peut-être les gens profondément seuls finissent-ils par disparaître, tout bonnement… Qui pourrait bien s’en rendre compte d’ailleurs ?!

Je ne sais d’ailleurs pas pourquoi j’écris cette lettre ! Juste au cas où… Si quelqu’un finit par se demander ce que j’ai bien pu devenir… On ne sait jamais.

Bulle Grenadine pour la première partie
Chani pour la seconde

samedi, avril 08, 2006

Terre en vue !

Bienvenue à vous, bloggeurs de tous les horizons !

Entrez, entrez, nous sommes ravies de vous accueillir sur notre petite ile. Vous vous demandez sans doute où vous êtes tombé. Et bien, pour faire court, vous êtes ici sur le territoire de deux jeunes donzelles en quête de... quelque chose. Oui, bon, c'est vrai, on ne sait pas encore où cette aventure va nous mener mais le plus loin possible, on l'espère...
Ici, c'est une espèce de terrain de jeu, un ring pour des duels littéraires qui ne se termineront que par le point final d'une plume acérée.

Le principe est simple : vous vous installez confortablement et vous pouvez assister à nos duels débridés. L'une de nous deux jette les premières ligne d'une histoire, pas trop longue, mais suffisamment accrocheuse pour que vous ne pussiez plus avoir envie de nous quitter... Et l'autre lui apporte le climax, la chute, la fin... Cela s'appelle un cadavre exquis.

Exquis, abominable, haletant, incroyable, effrayant... Je vous le promets, vous retrouvez tout cela dans nos petites histoires.

Alors, n'hésitez pas à revenir, vous aurez régulièrement quelque chose à vous mettre sous la dent !


Bulle Grenadine