dimanche, juillet 30, 2006

Voix

[créé le 17/07] Cette fois encore, je me suis réveillée en sursaut. Une sueur froide me colle les cheveux sur la nuque et le front.Aussi loin que peuvent remonter mes souvenirs, j’ai toujours fait ce rêve. Ou, devrais-je dire, ce cauchemar. Mais ces derniers mois, c’est devenu de plus en plus fréquent.Seuls quelques détails diffèrent d’une fois à l’autre. Pour le reste, c’est chaque fois la même atmosphère oppressante.Le noir est absolu. Je suis seule dans une chambre dont les parois sont très rapprochées. Tellement que je peux les toucher sans tendre les bras. Une légère odeur flotte dans l’air, on dirait un mélange de terre sèche et de cave humide.Je ne sais si je suis assise ou couchée. Mes mains effleurent les murs à la recherche d’une porte, d’une fenêtre, d’une trappe, même d’une cavité ou d’une aspérité. Mais tout est lisse.Le calme le plus complet empli cet endroit. Seule ma respiration semble me percer les tympans.Puis, petit à petit, un murmure se fait entendre. Toujours très faible. Au début, je ne comprends pas ce qu’il dit, comme s’il s’agissait d’une langue inconnue. Ensuite, peu à peu, les sons forment des mots qui eux-mêmes finissent par constituer une phrase.C’est quand enfin tout s’assemble que je m’éveille… Restant en suspend avec ces quelques mots et mon cœur battant à tout rompre :«Pourquoi… Pourquoi m’as-tu laissée… Pourquoi n’es-tu pas revenue me chercher…»

[modifié le 30/07] Ce rêve qui revient vers moi, nuit après nuit… Je n’en peux plus. J’en arrive à avoir peur de m’endormir. Dès que mes yeux se ferment, je sens la chambre se refermer sur moi, pour devenir aussi oppressante que l’obscurité de mon cauchemar.
On dit que les rêves ont une signification cachée, une métaphore à la mesure de notre imagination. Pourtant, je sens que cette fois-ci, c’est différent. Dans mon sommeil, tout a une dimension incroyable. Cette sensation de solitude, cette terre aride qui emplit mes poumons, cette odeur qui finit par me prendre à la gorge… Et sa voix. C’est comme un signal d’alarme qui finit par m’extirper de mon rêve. J’en sors avec un sentiment d’oppression mais aussi de culpabilité… Comme si, quelque part, j’avais effectivement abandonné, oublié quelqu’un. Evidement, je ne sais pas qui c’est. C’est une voix enfantine. Elle est asexuée. Elle me supplie et ne me quitte plus. Même la journée, je parviens à l’entendre, comme un lointain gémissement. J’en deviens folle.
J’ai fait des tests, j’ai suivi une psychanalyse… L’idiot me disait que ce rêve récurrent était l’expression de mon propre abandon. J’ai beau eu lui dire que j’étais pleinement satisfaite de ma vie, de mon travail, de mes amis... Il m’a rétorqué que mon subconscient m’affirmait le contraire. Conneries ! Je me connaitrais toujours mieux que tous ces psy imbus d’eux-mêmes !
Et puis, cette nuit, le rêve a pris une autre tournure. Il commence comme d’habitude, dans cet espace contigu que j’ai fini par connaître par cœur. Je tâtonne, à la recherche d’une ouverture. Mes doigts se blessent contre les parois abruptes, sans que j’arrive à trouver le moindre interstice. Puis je l’entends. Un doux murmure, mais pas celui de mon inconnu. C’est le subtil bruissement d’une eau qui s’écoule. Je doit tendre l’oreille pour l’entendre mais c’est bien réel… Du moins, autant que cela puisse l’être dans un rêve… C’est ça, la différence ! Cette fois-ci, j’ai conscience que je rêve ! Je retiens mon souffle, dans l’expectative. Le bruit de l’eau devient de plus en plus fort, jusqu’à devenir assourdissant. Puis, c’est comme le bruit d’un bouchon de champagne enfin libéré. L’eau s’infiltre dans ma cachette. D’abord comme un mince filet, puis la terre s’effrite et l’eau prend de plus en plus de place. J’ai beau me répéter que ce n’est qu’un rêve, je me sens de plus en plus inquiète, au fur et à mesure que l’eau emplit la cavité.
Bientôt, je n’ai plus qu’un peu d’espace pour garder la tête hors de l’eau. Je ne demande qu’à me réveiller mais je n’y arrive pas. Puis je me retrouve sous l’eau. C’est complètement surréaliste. Je retiens ma respiration, je commence à paniquer. Je me répète qu’on ne meurt pas dans les rêves… J’ouvre les yeux…


Chani pour le sommeil
Bulle Grenadine pour le retour à la réalité
Et Chani pour la finalité... si elle veut bien (en 3 épisodes, cette fois-ci) ! ^_^

lundi, juillet 17, 2006

Murmure du soir

Allez, j'en remet une couche sinon ce blog va finir par s'enterrer tout seul... Comme ma compagne littéraire n'a plus trop le temps pour le moment, je me permet de mettre sur le blog quelques divigations personelles, sans queue ni tête. ^_^

[Edit Chani]

Me voilà de retour... C'est sûr, on ne laissera pas ce blog s'enterrer !!!
J'ai donc repris cette "divagation sans queue ni tête" pour l'intégrer à notre coutume plumiène, à savoir... que je l'ai achevée...
Souhaitez-nous bon retour !

[/Edit Chani]

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Il est venu vers moi un jour où tout allait de travers. Je ne me rappelle plus son nom mais il semblait gentil. Je crois qu’il m’a simplement sourit. Puis il est parti. Sans un mot. Juste ce sourire… Cela faisait longtemps que je ne m’étais pas sentie aussi vivante. Je me suis retournée, je voulais juste lui dire merci mais il avait disparu. J’ai longtemps gardé ses lèvres au fond de moi, comme un bien précieux qu’il faut protéger à tout prix. Lorsque je me sentais triste, il faisait naître de douces vagues de chaleur au creux de mon ventre. Lorsque j’étais en colère, il caressait mon échine de délicieux frissons. Je sais que c’est bête mais c’est lui qui m’a permis de garder la tête hors de l’eau. Je n’ai jamais su qui c’était et je m’en fiche.

Maintenant que je contemple au-dessus de moi tous ces visages familiers qui ont jalonnés ma vie, je me rappelle le temps qu’il m’a rendu. A ce moment où je m’apprêtais à laisser derrière moi cette existence insensée. Soixante années se sont écoulées depuis ce sourire et pas un seul instant je n’ai regretté de m’être donné une seconde chance...

A l’époque, j’avais à peine vingt cinq ans et, depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Je me suis mariée et j’ai eu trois beaux enfants. J’ai beaucoup aimé mon mari, mais pas autant ni de la même manière. J’ai presque honte de dire que jamais plus je n’ai ressenti quelque chose d’aussi particulier.
Mon mari est mort voilà maintenant bien des années – paix à son âme – et mon esprit revient sans cesse vers cet autre visage dont seuls me reste en mémoire le dessin du sourire.

Il y a quelques temps, alors que je me baladais au bras de ma fille aînée, mon cœur s’est embrasé : il s’agissait exactement du même sourire. La même fossette au creux de la joue droite et cette petite cicatrice sur la lèvre supérieure.
De sa bouche mon regard s’est évadé… et tout se redessinait dans mon esprit : ces yeux verts pétillants, ces longs cils foncés et ces sourcils bien dessiné.
Mes jambes ont défailli et ma fille imaginant un malaise m’a aussitôt reconduite à la maison.

Je suis à présent sur mon lit de mort et je pars le coeur et l’esprit tranquille. Jamais encore je n’avais raconté à qui que ce soit ce que j’ai gardé au plus profond de mes pensées, ce qui me réconfortait quand rien n’allait plus. Et je voulais aujourdh’ui partagé cet instant de bonheur, que vous sachiez que les jours où mes yeux se perdaient dans le vague, cela n’avait rien de triste.
Maintenant, je pars en paix.

Bulle Grenadine pour le murmure
Chani pour le soir